Contester et combattre le » choc des savoirs »

Dans les écoles, le « choc des savoirs » c’est :
• le redoublement imposé aux familles
• de nouveaux programmes très contraignants et inquiétants, qui asphyxient la liberté pédagogique
• la labellisation des manuels
• la généralisation annoncée des évaluations nationales standardisées et normatives
• le tri des élèves dès la sortie du CM2 pour les assigner à des groupes en 6ème
Toutes ces mesures s’inscrivent dans la même logique : formater les enseignements et classer les élèves en fonction de leur capacité d’adaptation au système scolaire. Dans cette logique, ce n’est plus à l’école de se donner les moyens de faire réussir les élèves mais c’est aux élèves de se couler rapidement dans un moule unique.

Le « choc des savoirs » est une machine implacable de tri scolaire (et donc de tri social), qui laisse de côté tou·tes les élèves qui ne correspondent pas à la « norme ».
SUD éducation vous propose des pistes pour se mobiliser contre les mesures délétères du « choc des savoirs ».
                                                                      Sommaire
1• PE / Enseignant·es de Français et de Mathématiques : Refuser la mise en place des groupes
2• Créer du collectif / AG / HMIS / réunions / etc
3• Rejoindre les collectifs
4• Se mettre en grève
5• Faire valoir la dégradation de ses conditions de travail
6• Au CA : refuser la mise en place des groupes
7• Être solidaire des collègues de Français et de Mathématiques
◦ Refus d’être PP en 6ème et 5ème
◦ Refus des projets de classe en 6ème en 5ème
 

 1) PE / Enseignant·es de Français et de Mathématiques : Refuser la mise en place des groupes
• Refuser de trier les élèves : aux directions de prendre leurs responsabilités
• Lors des réunions institutionnelles, montrer son désaccord :
◦ En les boycottant
◦ En y allant mais sans y prendre la parole
◦ En remettant un texte d’opposition aux organisateur·trices de la réunion
◦ En faisant grève
• Refus d’être coordo de discipline
Le rôle de coordo devient de plus en plus ingrat, chronophage, soumis à des contraintes plus nombreuses : vœux collectifs, organisation en barrette, moyens insuffisants, multiplication des temps de concertation en équipe, etc.
Ce n’est pas à l’équipe est encore moins au ou à la coordo d’équipe de subir les pressions.
Être coordo n’est pas rémunéré : il est possible d’envisager d’en démissionner.

2) Créer du collectif / AG / HMIS / réunions / etc.

• En discuter avec les collègues en AG
La réunion en dehors des heures de service est un droit. Il faut en informer la direction en demandant la mise à disposition d’une salle pour que cette réunion puisse s’y tenir.
• En discuter avec les collègues en heure d’information syndicale
Chaque personnel a droit à une heure d’information syndicale par mois sur son temps de service. Elle doit être déposée une semaine à l’avance au nom d’une organisation syndicale. Nous pouvons en déposer une dans votre établissement ; il faut alors nous contacter.
• En discuter avec les représentant·es parents
Les représentant·es parents sont importants car ils et elles peuvent constituer des relais auprès des autres parents. Il faut qu’iels aient connaissance des enjeux du « choc des savoirs » et de ses conséquences délétères.
• En discuter en réunion publique avec les ·es parents
Il est possible de prendre contact avec les représentant·es parents pour aborder les problématiques du « choc des savoirs » avec eux et elles, pour élaborer des actions communes.
Les journées écoles, collèges et lycées déserts doivent beaucoup aux mobilisations des parents et notamment de la FCPE. Ce sont leurs enfants qui sont les premiers et premières concerné·es par le tri des élèves et par la baisse des résultats du DNB, particulièrement dans les quartiers populaires.
• Nous transmettre les initiatives et productions locales pour que nous puissions les relayer sur notre site et nos réseaux (sur Facebook, X/Twitter).

3) Rejoindre les collectifs

• Se syndiquer si ce n’est pas déjà fait...
• Signer et faire signer la pétition intersyndicale contre le « choc des savoirs » si ce n’est pas déjà fait.
• Signer et faire la pétition intersyndicale contre les évaluations imposées si ce n’est pas déjà fait
• Se tenir au courant des mobilisations sur la rubrique dédiée de notre site et sur nos réseaux (sur Facebook, X/Twitter)..
• Rejoindre les groupes whatsapp  SUD pour se coordonner. Nous contacter : nous vous transmettrons les liens d’accès.
• Rejoindre le groupe whatsapp des enseignant·es de lettres et de mathématiques pour se coordonner face aux changements et aux réunions imposées. Nous contacter : nous vous transmettrons les liens d’accès.

4) Se mettre en grève

• Utiliser le préavis courant qui couvre tous les jours de l’année
Ce préavis courant est suffisamment généraliste pour couvrir tous les sujets. Pour rappel, il n’y a pas à se déclarer gréviste dans le 2nd degré : c’est à l’administration de constater l’absence de service fait.
Dans le premier degré, pour les communes mettant en place un service minimum d’accueil, il faut faire une déclaration d’intention de grève à l’IEN, 48 heures à l’avance comprenant un jour ouvré. Il est possible de faire des déclarations d’intention qui couvrent plusieurs jours, même si l’on ne fait finalement pas grève.
• Utiliser le préavis spécifique : Préavis de grève intersyndical - réunions choc des savoirs
Des enseignant·es de lettres et de mathématiques sont convoqué·es à des réunions d’information concernant la mise en place des groupes l’année prochaine, malgré l’opposition manifeste aux mesures du « choc des savoirs ».

5) Faire valoir la dégradation de ses conditions de travail
• Compléter le RSST
• Aborder le sujet en CHS de son établissement si elle a été installée
• Puis transmettre les photos du RSST et le compte-rendu de la CHS à la Formation Spécialisée concernant la santé, la sécurité et les conditions de travail (F3SCT) à l’adresse suivante : secretairechscta@ac-creteil.fr, jean-noel-andre.tardy@ac-creteil.fr), aux conseillers de prévention (administration): ce.cpa@ac-creteil.fr, à l’inspecteur de santé et sécurité au travail ( M. TESTA Cédric): ce.sst@ac-creteil.fr et à contact@sudeducation94.org
Plus nous aurons des éléments tangibles prouvant la dégradation des conditions de travail, plus nous pourrons nous en saisir syndicalement.
Éléments pouvant y figurer :
• Désorganisation des emplois du temps
• Surcharge de travail
• Décisions modifiant l’organisation du travail prise sans concertation
• Remise en cause de son identité professionnelle du fait de ne plus faire cours en classe entière
• Etc.
• Ne pas hésiter à nous contacter si besoin.

 6) Au CA : refuser la mise en place des groupes

En effet, L’article R421-9 du code de l’éducation indique que, « dans l’hypothèse où la proposition relative à l’emploi des dotations en heures est rejetée par le conseil d’administration, la commission permanente procède à une nouvelle instruction avant qu’une nouvelle proposition soit soumise au vote du conseil d’administration. Le second vote du conseil doit intervenir dans un délai de dix jours suivant son premier vote. En cas de rejet de cette seconde proposition, le chef d’établissement, en qualité de représentant de l’État arrête l’emploi des dotations en heures ».
• Voter contre le TRMD ( tableau de répartition des moyens par discipline) avec les groupes et proposer un TRMD alternatif, sans groupe
Il est possible de s’appuyer sur la hiérarchie des normes juridique qui veut que la constitution soit supérieure à une loi qui elle-même est supérieure à un décret du Président de la République qui est supérieur à un décret d’un Ministre qui est supérieur à un arrêté, etc.
Or le code de l’éducation, Article R421-2 Modifié par Décret n°2016-1063 du 3 août 2016 - art. 2 indique que : « Les collèges, les lycées, les écoles régionales du premier degré et les établissements régionaux d’enseignement adapté disposent, en matière pédagogique et éducative, d’une autonomie qui porte sur :
2° L’emploi des dotations en heures d’enseignement  »
Et le code de l’éducation, Article R421-20 Modifié par Décret n°2022-540 du 12 avril 2022 - art. 3 indique que :
« En qualité d’organe délibérant de l’établissement, le conseil d’administration, sur le rapport du chef d’établissement, exerce notamment les attributions suivantes :
Il fixe les principes de mise en œuvre de l’autonomie pédagogique et éducative dont disposent les établissements dans les domaines définis à l’article R. 421-2 et, en particulier, les règles d’organisation de l’établissement »
Or le code de l’éducation qui indique que le CA de l’établissement décide de l’organisation de ses moyens en heures prime donc sur l’arrêté qui met en place les groupes de niveau puisque ce dernier est inférieur dans la hiérarchie des normes juridiques.
Rappelons néanmoins que SUD éducation s’oppose à l’autonomie des établissements, qui est la source de traitements différenciés et donc d’arbitraire.
• Faire voter par le CA une motion contre la mise en place des groupes.
Une autre piste consiste faire adopter une motion qui demande qu’une constitution hétérogène des groupes soit mise en place avec des effectifs équivalents dans chacun de ces groupes.
Cela revient à utiliser les moyens horaires disciplinaires affectés à la création d’un groupe supplémentaire pour alléger le nombre d’élèves par groupe en mathématiques et lettres modernes tout en conservant l’hétérogénéité.
• Il est possible de demander un CA extraordinaire.
Pour aller plus loin, voir notre article sur le fonctionnement du CA.

7) Être solidaire des collègues de Français et de Mathématiques

Refus d’être PP en 6ème et 5ème
Les collègues de Français et de Mathématiques ne pourront plus sérieusement être PP en 6ème et 5ème puisqu’iels n’auront plus tous les élèves.
Pour autant, les temps de concertation pour les PP de 6ème et de 5ème vont se multiplier pour faire le point concernant les changements de groupe et le vade-mecum est clair : les conseils de classe seront un lieu privilégié pour mettre en place les changements de groupes.
C’est ainsi une organisation chronophage, des conseils à rallonge qui s’annoncent et un rôle de PP de 6ème et de 5ème qui s’alourdit considérablement, sans compensation aucune.
Il est donc possible de refuser d’être PP de 6ème et de 5ème, ne serait-ce qu’en soutien des collègues de Français et de Mathématiques qui en sont empêché·es.
Refus des projets de classe en 6ème en 5ème
Sans avoir la classe entière, les collègues de Français et de Mathématiques ne pourront plus faire de projets interdisciplinaires avec les autres collègues de la classe. Cela leur est imposé et participe à la déstructuration de leur identité professionnelle.
Il est difficilement envisageable que les collègues continuent à monter des projets qu’ils et elles auraient monté avec leurs collègues de Français et de Maths alors que ces dernier·ères en sont empêché·es.
Par soutien, il est envisageable de mettre fin aux projets interdisciplinaires en 6ème et 5ème.